La voiture était vraiment très très très lourde, quand je suis revenue de carrare avec ce bloc de marbre Bianco. P de 400kg.
A carrare, dans l’atelier où je suis allé cueillir ce bloc, avec deux petits rouleaux en bois, les tailleurs de marbre ont mis 2 minutes pour me le rentrer dans la voiture, j’en ai mis 20 fois plus pour le sortir. Mais heureusement j’avais observé la précieuse technique. Il a fallu ensuite passer le seuil de l’atelier qui n’est pas à ras de sol et faire une rampes extérieur de 3 mètres, une base de réception au niveau de seuil, puis une rampe intérieur de 3m et tels des égyptiens tirer, pousser le plateau à roues qui charriait le marbre, vous avez compris, je ne suis pas très équipé. Les roues du chariot se sont légèrement enfoncées sur le planché en bois osb qui ne supporte pas plus de 350kg, heureusement qu’il était sain car un peu humide il aurait scellé tel quel, le bloc dans le sol. J’ai travaillé 8 mois dessus, avec beaucoup de bonheur, à l’ancienne comme vous le savez, sans machine, avec la massette portugaise, aux pics et gradines, ciseaux plats, rifloirs, l’archet et le violon pour parfois percer le marbre et toiles émeri pour finir. La sculpture je l’ai commencé en sortant de ce bloc de marbre, le pouce de la main droite, qui est apparu tout petit dans ce gros bloc et qui a invité la main à sortir dans les bonnes proportions et déterminer par la suite, le reste de la sculpture. J’ai souvent eu peur car si le marbre se dompte facilement, parfois, il faut aussi l’appréhender avec beaucoup de délicatesse et de patience, pour éviter l’irréparable, la dure vérité de la taille directe. J’ai travaillé la tête en bas, les bras tordu et genoux pliés pour accéder aux endroits sans chemins ni accès, à frotter le marbre pour ne récolter qu’un petit verre de poudre fine par jour. Le sculpteur est-il patient ? … C’est certain car passionné je le suis au plus profond de moi, mais combien de fois il a fallu que je quitte l’atelier, fourbu les muscles tendus, pour aller voir bouger au vent les pins, les vignes et respirer l’air pour décompresser. Après 8 mois de travail, la sculpture ne pèse plus que 200kg environ et je vous laisse calculer combien de gramme j’ai enlevé par jour… Mais non… C’est une blague bien sûr !
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